«En France, la réforme du Code du travail propose, dans l’extrême majorité des cas, des mesures en défaveur des travailleurs prenant la forme, par exemple, d’une simplification des conditions nécessaires au congédiement. Certaines dispositions ont du potentiel, mais soulèvent des questions. Prenons l’exemple du droit à la déconnexion du travail.
Posséder des outils numériques professionnels est devenu chose commune. Les ordinateurs portables, les téléphones intelligents et autres tablettes sont entrés au bureau, mais ont suivi les travailleurs jusqu’à leur domicile et les accompagnent lors des sorties en raquettes… Bref, ces outils de travail envahissent de plus en plus l’espace de la vie personnelle. Plusieurs raisons peuvent être avancées : une hiérarchie tyrannique, la crainte d’être mal vu, le désir de performance, l’envie de demeurer un bon soldat… tout simplement être incapable d’éteindre son téléphone intelligent en dehors des heures de travail.
Non seulement la surconnexion s’est immiscée dans la vie personnelle, mais elle rend malade. Il s’agit là d’une réalité implacable. Plusieurs études sur la santé au travail font état du lien entre l’usage abusif des outils numériques et la dégradation de l’état de santé. Tout cela a un coût financier et social élevé. Certaines personnes à bout de force dépriment profondément, d’autres posent le geste fatal, parfois sur leur lieu de travail, lettre à l’appui : « Je me suicide à cause de mon travail […]. C’est la seule cause. » La surconnexion est un dérapage de l’organisation du travail, avec outils numériques. Ainsi, la déconnexion ne doit pas relever de décisions isolées, mais d’une décision et d’une action collectives.»